Le regard, une vue de l’esprit : Marie Madeleine Marguerite de Montalte de Jean-Philippe Toussaint
Roman de la vie amoureuse séparée, Marie Madeleine Marguerite de Montalte de Jean-Philippe Toussaint (2002-2013) est un lieu d’expérimentations privilégiées du proche et du lointain, y compris et surtout dans leur expression spatiale : « Créer, dans un livre, non seulement du temps, mais de l’espace, voilà l’enjeu de la littérature », affirme l’auteur. Très présent dans le cycle de Marie, le topos du regard à la fenêtre (en ses multiples variantes) n’y est pas seulement l’instrument et le lieu d’une observation directe, à distance et à couvert, du monde alentour, mais il devient le moyen et l’expression du « sentiment d’écartèlement » qui vit le narrateur, avec et sans Marie. La division spatiale induite par la fenêtre se complique, comme en rêve, d’une superposition entre l’« ici physiquement » du personnage et le « là-bas en pensées, dans le souvenir ou la réactivation du passé » (Toussaint). Ce réglage de l’espace, et du temps, par la fenêtre sera étudié dans son expression linguistique (et plus précisément dans la première partie de Nue entièrement enchâssée par le dispositif) mais également pour l’imaginaire romanesque qu’il induit.