L'espace dans le roman contemporain français :
approches linguistiques et littéraires
Dunkerque, 11-12 octobre 2018

Isabelle Dangy

L’espace japonais dans le roman français contemporain

Différence, éloignement, altérité : les essais consacrés en France à la conception japonaise de l’espace (espace naturel, espace urbain, espace domestique) insistent sur les traits qui opposent sur ce plan le Japon traditionnel comme le Japon contemporain à l’aire culturelle européenne. Les travaux d’Augustin Berque et, plus récemment, de Philippe Bonnin analysent les causes historiques et décrivent certains aspects particuliers, notamment architecturaux, de ce rapport différent à l’espace.
D’autre part la littérature française contemporaine offre une place privilégiée au Japon : celui de Tokyo et des grandes métropoles, mais aussi le Japon plus retiré des petites villes, des bourgades montagnardes, de Hokkaïdo. Cette présence se manifeste par des récits de voyage ou de séjours, des essais, mais aussi par un certain nombre d’œuvres romanesques situées au Japon partiellement ou totalement : tantôt l’action y est directement ancrée, tantôt les personnages y effectuent un passage plus ou moins long, marqué par toute une gamme de dépaysements plus ou moins vifs (ou éventuellement de déceptions). Cet intérêt a incité certains chercheurs (travaux de Fabien Arribert-Narce) à évoquer à propos de la littérature contemporaine une forme de « néo-japonisme ».
Notre projet serait de croiser ces deux approches en étudiant au travers de quelques exemples la manière dont les personnages occidentaux perçoivent les formes matérielles de l’espace japonais (aéroports, hôtels, immeubles, jardins, rues, centres commerciaux…), et en interrogeant l’effet créé en eux par cette plongée dans un univers autre, plongée qui comporte inévitablement la rencontre et le dépassement (ou non) de certains clichés relatifs à la culture japonaise. Le corpus pourrait inclure des romans de Hubert Haddad, Michaël Ferrier, Jean-Philippe Toussaint, Christian Garcin, Eric Faye, etc. Cette analyse accorderait notamment une place à ce que l’on pourrait appeler l’« espace sismique », déterminé par la vulnérabilité particulière du Japon face aux catastrophes naturelles.